C’est sur les hauteurs de Freissinières (Hautes-Alpes), du côté du Lac Faravel, que se serait produite la scène. Dans la nuit du 17 au 18 septembre dernier, alors qu’ils bivouaquaient dans ce petit coin de paradis du Parc National des Ecrins, un couple aurait été pris à partie par un animal sauvage. Les journalistes de DICI (média local) rapportent que les randonneurs auraient évoqué un loup. Il n’en faut pas plus, pour titrer « Un couple attaqué par un jeune loup ! ». En voilà du scoop ! Quelques heures plus tard, le titre est modifié en « Un couple dit avoir été attaqué par un jeune loup ». La modération est de mise car cette affaire semble moins claire qu’il n’y parait.
Car si le loup peut se révéler être un prédateur féroce pour le bétail et certains animaux sauvages, depuis son retour en France dans les années 1990, il n’a jamais attaqué d’humains. Il s’agirait là d’une première attaque du genre. Nos pays voisins n’ont pas connu plus d’attaques en la matière. Le Parc National des Ecrins, en lien avec l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS), a immédiatement diligenté une enquête pour en savoir plus.
Une interaction nocturne avec un… renard ?
D’après le récit des randonneurs, l’animal se serait attaqué à leur tente et à leur sac à dos. Manifestement en quête de nourriture. Affolé par ce réveil surprise, le couple serait donc redescendu dans la vallée en pleine nuit. Cité par le Dauphiné Libéré, le maire de Freissinières est sceptique : « Je n’ai eu aucune information concernant des loups. Par contre, il semble que ce soit des renards qui soient venus fouiller une tente et le sac à dos des randonneurs pour trouver quelque chose à manger ». Le Parc National des Ecrins a d’ailleurs précisé que quelques jours plus tôt, un signalement mentionnait la présence dans le même secteur d’un renard assez agressif.
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Une méprise qui ravive le débat sur le loup
Si les albums pour enfants font une distinction très claire entre le renard et le loup, la réalité n’est pas aussi évidente. Un renard au poil sombre peut facilement être confondu avec un loup de petite taille. La scène s’étant déroulée en pleine nuit, la méprise est donc largement permise. Mais comme toujours quand il s’agit de loup, le clivage entre les défenseurs du loup et ses opposants ne tarde pas à ressurgir. Dans les Hautes-Alpes, les deux camps sont à couteaux tirés et cette nouvelle qui pourrait être anecdotique relance ce débat sans fin. D’un côté on évoque des randonneurs anti-loups qui auraient monté cette histoire de toute pièce pour affaiblir encore un peu plus la position des pro-loups. De l’autre, on pense qu’il s’agirait bien d’une attaque de loup que les pro-loups voudraient déguiser en attaque de renard.
En attendant, les internautes tirent à boulets rouges sur le journal qui a sorti cette histoire. « La presse locale fait encore preuve de son grand professionnalisme, comment faire le buzz à partir de rien » peut-on lire sur l’article de DICI. Ou encore : « Vous êtes en train d’attiser les problèmes entre pro et anti loup alors que vous devriez être un facilitateur de dialogue car la cohabitation est possible »
En attendant, l’enquête devrait pouvoir en dire plus sur l’auteur de cette attaque. Les traces que peuvent laisser un renard ou un loup étant sensiblement différentes (empreintes, morsures sur le sac ou la tente…).
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